jeudi 13 décembre 2012

Inutiles bloggeurs, vous m’êtes essentiels

8h30 au bureau. Un mauvais café à 40 centimes fume à côté de l’ordinateur. Les collègues ne sont pas encore arrivés. J’en profite pour jeter un œil aux derniers articles publiés sur les réseaux sociaux. L’actualité est dense, la « cathosphère » s’agite autour des sujets du moment : mariage gay, recherche sur l’embryon… Les titres s’enchainent sur mon écran, ceux de médias de tout horizon, aux tons plus ou moins heureux… Ceux aussi de bloggeurs commentant incognito – ou pas – les faits de société, le monde qui les entoure. Voilà ceux qui m’intéressent le plus. Tous n’auront pas droit une lecture attentive de ma part, le regard en diagonale ignorant parfois de longues heures d’écriture. Ingrat que je suis. Qu’importe, j’aurais, en cette matinée commençante, fait ma petite revue de presse très personnelle.

La scène aurait également pu se passer au fond de mon canapé, après une journée de travail, le Smartphone en guise de fenêtre sur le monde. Ou bien au hasard de messages reçus, m’invitant à lire tel ou tel billet. Car tout au long de la journée, je garde à portée de main ce fil d’informations, d’humeurs et de réflexions. Je le tire et l’emmêle. Quand il s’échappe, je replonge dans la toile et le retrouve, bien au chaud de mes « communautés ». Dans ce fouillis se côtoient des auteurs plus ou moins talentueux, aux marottes plus ou moins pertinentes. J’y puise celles qui me ressemblent. Celles qui m’interpellent, aussi. Je confronte les idées, je les fais miennes. Je profite de thèses développées avec soin - exigence intellectuelle que seul permet l’exercice rédactionnel. Je les approuve ou les récuse, elles m’énervent ou m’émeuvent. Je les partage… Je forge mon opinion.

Parlons d’opinion, donc.

lundi 29 octobre 2012

Lamoureux et l’éloge de la fatigue


« Sa matière fut le rire, et les colonnes Morris furent son soutien le plus fidèle. Homme de cabaret, chansonnier débitant d'une voix aiguë, agile et éraillée des monologues mémorables, Robert Lamoureux fit se tenir les côtes à des milliers de spectateurs pendant plus d'un demi-siècle ». Voilà comment débutait l’hommage posthume du Figaro au chantre du comique populaire, décédé deux jours plus tôt, le  29 octobre 2011, à l’âge de 91 ans.

Robert Lamoureux est considéré aujourd’hui comme le père du « stand-up » moderne. Il a débuté sa carrière à 29 ans, sur les planches des cabarets parisiens. Ses sketches et chansons (« Papa, maman, la bonne et moi », « La chasse au canard »…) lui ont valu un succès rapide. Il s’est retrouvé par la suite devant la caméra (L'Apprenti salaud, de Michel Deville, Arsène Lupin…), puis derrière, avec la réalisation de sept films, dont la série de la Septième Compagnie. Mais c’est au théâtre qu’il a préféré consacrer l'essentiel de sa carrière, avec plus d’une quarantaine de pièces à son actif, dont douze sous sa plume.

Humoriste, acteur, auteur dramatique, scénariste... Robert Lamoureux était aussi poète. D’une poésie qui s’invite au Music-hall entre deux éclats de rire, et qui se retire avec grâce, laissant le spectacle comique reprendre son cours.

mardi 9 octobre 2012

Regarder le monde s’affoler et manger les tomates sur pieds




« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis… » Ca y est, les rues s’effacent sous la grisaille et l’automne réveil mes humeurs baudelairiennes. C’est le temps du gris et des sanglots longs. Il est de bon ton de tout bouder en cette saison. Le bourdon a remplacé les abeilles. Et si ni la pluie, ni le regret de l’été passé n’affectent votre bonne humeur, laissez donc l’actualité s’en charger !

Paris s’agite. Les députés s’étripent. La crise palpite. Budget maquillé par un mascara politique, la Gauche est une femme futile. La révolution n’aura pas lieu et les maris cocus baissent leurs yeux. Un brave homme à l’Elysée se perd dans un costume trop grand. Dans la rue, les moutons se font chiens : c’est l’heure d’aboyer tous du même ton, tandis que tangue la caravane.

Au Parlement on parle, on ment. Presque une comptine... Voilà que l’on veut marier des femmes entre elles, faire enfanter les hommes entre eux. Fi de la mécanique, puisque l’on a droit à tout et que la question des devoirs n’arrivera qu’à l’heure des comptes ! Qu’une voix s’élève, on l’égorgera gaiement d’une mauvaise foi bien aiguisée. Peste soit de la religion et des religieux, empêcheurs de se marier en rond !

Paris s’agite et je regarde ce petit monde s’affoler, avec l’envie irrésistible d’envoyer tous ces danseurs valser. Et avec eux mes longs ennuis.

Allons donc, tant qu’il y a du vin, il y a de l’espoir ! Et avec l’automne viennent les vendanges. Je connais là-bas un petit jardin, au creux d’une vallée boisée, où les raisins alignés attendent la presse. On y sent la terre et le vert, on y goute la liberté. Dans un rang voisin, au milieu des salades et autres carottes, le soleil d’automne fait éclater de jus les dernières tomates. Mangez-les sur pieds, c’est un élixir d’oubli ! Qui se souci ici de la course des hommes ?

Votez vos lois, chers députés. Disputez les, meutes enragées. Je vous observe de loin et tente de vous oublier. Laissez-moi vous fuir, un instant, juste le temps de profiter un peu des choses essentielles : le raisin, les tomates… Et quelques abeilles.


« Et puis merde 
J'ai décidé de vivre loin sur la colline 
Vivre seul dans une maison 
Avec la vue sur ma raison 
Je préfère vivre pauvre avec mon âme 
Que vivre riche avec la leur 
Et si le blé me file du bonheur 
Je me ferai peut-être agriculteur… »

(Ridan, L'Agriculteur)

mardi 18 septembre 2012

Toujours, la foi débordera de la sphère privée

« La religion relève de l'intime, l'Eglise n'a pas à intervenir sur des questions de loi », lançait Anne Hidalgo, 1ère adjointe au maire de Paris, lors de l'émission Mots-croisés du 17 septembre dernier. Le débat du soir portait sur le mariage gay et l'homoparentalité. Quelques semaines plus tôt, c'est l'ex-ministre sarkozienne Roseline Bachelot qui s’irritait de l’immixtion de l’Eglise en la matière : « il est bien entendu légitime que les religions émettent des préconisations, mais dans une république laïque, celles-ci ne peuvent constituer une référence (…). Il convient donc de laisser les religions dans la sphère privée » (1). Paf, la messe est dite. Sans souffrir d’appel, la sentence revient chaque fois que l'Eglise ouvre la bouche, ses interventions étant de facto taxée d’illégitimité dès lors qu’elle ne se cantonne pas aux burettes et encensoirs. C’est à s'étonner qu'on ait pu lui reprocher certains silences en d’autres temps...


mercredi 5 septembre 2012

Calcutta ou la soif de Dieu


Le 5 septembre 1997, dans sa petite cellule de Calcutta, celle connue dans toute l’Inde sous le simple nom de « Mother » s’en retournait vers le Père. Mère Térésa de Calcutta, petit bout de femme de rien du tout qui, par sa vie offerte, en a transformé tant d’autres.

Quinze ans plus tard, à l’occasion d’un séjour dans « la Cité de la Joie », j'étais à genoux devant la tombe de la Bienheureuse. Je venais volontiers prier en sa compagnie avec d'autres volontaires, avant de rejoindre l'un de ses dispensaires où nous travaillions. Or, chaque matin s'accompagnait du même trouble : le sentiment d'inutilité, d'impuissance au regard de ce que fut sa vie. Consacrer mes pieds nus et mes mains fragiles à la misère humaine ?  Hors d'atteinte ! Pire, il m'était impossible de demander à Dieu qu'il m'en donne la force, sans craindre qu'il le fasse vraiment. Alors je priais pour qu'il m’ouvre au moins les yeux sur ma faiblesse et cet orgueil qui m’immobilise. Exiger qu’à l’école des pauvres, je sache m’oublier à leur cause et grandir, un peu, auprès d’eux. Ça oui, je le pouvais. Et chaque matin, la petite mère s’en allait dans son sari blanc à liseré bleu, porter ma piètre prière au Père.

On ne va pas à Calcutta pour sauver le monde. Mais pour se sauver soi-même. Si je vous décrivais ces séances de massages sur un jeune homme aux membres amputés, l’esprit fermé et les yeux sans joie, comprendriez-vous que c’était mon âme qui semblait être pétrie par des mains expertes ? Si je vous racontais mes efforts pour nourrir à la cuillère un vieillard alité, qui vivait alors ses dernières heures, arriverais-je à vous expliquer que c’était bel et bien moi qui m’en trouvais nourri ? Comment dire que l’on grandi aux tâches les plus simples offertes aux hommes les plus pauvres, de la toilette aux coups de balais, à la vaisselle des repas, à la lessive quotidienne… C’est la grande leçon de Mère Térésa : la découverte de la joie du service, en même temps que celle d’un Dieu qui saisit la chance de vous aimer.

Il y a une croix accrochée dans la chapelle de "Mother House", la maison-mère des Missionnaires de la Charité. A sa gauche est écrite la supplique du Christ agonisant : « I thirst ! »« J'ai soif  ». Cette soif n’est pas d'eau mais d'abandon amoureux, de sacrifice aussi. D’esprit brisé. Mère Térésa y voyait « le désir divin infini d'aimer et d'être aimé » : « tant que vous n'écouterez pas Jésus dans le silence de votre cœur, vous ne pourrez pas l'entendre dire "j'ai soif" dans le cœur des pauvres. Vous lui manquez quand vous ne vous approchez pas de lui. Il a soif de vous ! » De l’autre côté du crucifix est inscrite la réponse offerte par les sœurs : « j'étanche sa soif ».

On ne va pas à Calcutta pour sauver le monde, mais pour s’agenouiller au pied de la Croix. La meilleure place pour contempler le cœur de l'humanité. Humblement, à la mesure de nos yeux imparfaits, jusqu’à voir Dieu assoiffé dans ce jeune homme amputé ou ce vieillard au seuil de la mort - « le Christ dans un déguisement désolant ». Et lui donner à boire.

« Nous savons bien que ce que nous faisons n'est qu'une goutte dans l'océan, disait la Bienheureuse lors de la réception du prix Nobel de la paix, en 1979. Mais si cette goutte n'était pas dans l'océan, elle manquerait ! » Juste une goutte d’eau, petite et essentielle, pour étancher toutes les soifs.

vendredi 10 août 2012

Le complexe d’Obélix

« Ils sont fous ces Romains ! » La phrase est célèbre, presque une fierté nationale, tout comme celui qui en a fait sa devise, Obélix, fidèle ami d’Astérix et symbole du bon sens naïf. Au fil de leurs aventures, notre ami gaulois décline volontiers la formule aux Belges, Bretons, Helvètes, Indiens ou wisigoths et autres goths… Et à tous ceux, finalement, dont les us et coutumes suscitent son incompréhension. Car aussi brave soit-il, Obélix ne mesure ses découvertes qu’à l’aune de sa seule sphère de connaissance, limitée, somme toute, aux environs d’un petit village armoricain. Une pyramide égyptienne ? « Bah ! Ça ne vaut pas un beau menhir », s’exclame-t-il. Derrière la gentille caricature, Uderzo et Goscinny ont brossé un trait bien caractéristique du "français moyen" : son impossibilité chronique de s’extraire de ses seuls éléments de référence pour recevoir et contempler ce qui lui est étranger.

« Méfiez-vous du complexe d’Obélix », m’enjoignait un ami, alors qu’il m’accueillait pour la première fois sur le sol chilien. Il m’avouait ainsi ses craintes que je ne puisse partager son amour du pays, par manque d’ouverture, ou que le décalage culturel me ferme à ses beautés. Une méfiance toute naturelle face à l'arrogance dont témoignent certains touristes occidentaux, cette tendance à se croire partout chez soi ou, pour le moins, en territoire conquis. Je ne veux pas m’appesantir ici sur la triste réputation que trainent les français en dehors de leurs frontières, mais souligner l’état d’esprit qui convient à tout voyage, pour peu qu’on les considère comme autant d’occasions d’expériences de vie.

En Amérique latine comme ailleurs, en tant qu’invité de passage, il convient de mettre ses codes culturels en veilleuse. Sinon par soif de découverte, au moins par respect de l’autre. Si je traine mes brodequins Décathlon du côté des contreforts Himalayens, me serait-il si difficile de les déchausser sans rechigner, avant de visiter un temple bouddhiste ? Le souvenir d’un "bouillon sauvage" à la viande de porc-épic dans une rue de Brazzaville ne réveille pas mes papilles, mais pourrais-je en vouloir aux congolais de ne pas connaître les secrets d’une bonne andouillette de Troyes sauce chaource ? Allons plus loin : peut-on accepter les conditions de vie d’un dispensaire de Calcutta sans se défaire du minimum hygiénique acceptable d’une clinique européenne ? Il faut le souligner, la qualité gastronomique et le degré de civilisation, comme le sous-développement ou la pauvreté, sont des notions bien relatives...

Tout voyage commence par un premier pas. Il est intérieur et consiste à se défaire de ses bagages d’idées préconçues pour élargir ses horizons. Voyager, c’est s’abandonner à l’inconnu, dépasser le choc des cultures pour appréhender un contexte. Ne pas venir en consommateur. Accepter de perdre ses repères, de ne rien connaitre et donc, de ne rien comparer. Simplement de recevoir. En d’autres termes, de redécouvrir la capacité d’émerveillement de l’enfant.

Le complexe d’Obélix dresse ses barrières entre soi et l’inconnu. Etre témoins parmi les hommes implique une acceptation et un respect de l’autre : se soumettre aux traditions locales, parler la langue… Notons ici qu’il y a une différence entre l’admiration béate et l’effort d’acculturation : l’objectif n’est pas de gommer ses différences ou de renier ce que l’on est, mais de chercher à mieux comprendre l’autre en acceptant ses règles. Bref, de l’accueillir comme il est, avec sa culture et ses différences, et non pas comme on voudrait qu’il soit au regard de nos propres critères, forcements réducteurs et décalés.

Ma culture, mes croyances et mon histoire personnelle peuvent légitimement me pousser à considérer telle ou telle pratique comme folle et à « faire mon Obélix ». Mais ma culture, mes croyances et mon histoire personnelle suffisent-elles à englober et à comprendre la diversité du monde ? Assurément, non. A moi d’accepter humblement cette impuissance, de la faire mienne et de m’ouvrir à ces vérités qui me sont étrangères. Pas de potion magique pour entrer dans cette démarche. Juste une disposition d’esprit, un acte de volonté.


lundi 2 juillet 2012

Sous les pas des hommes

  

« Pierre, tu veux être le pavement et qu’ils te piétinent, (…)
tu veux qu’ils aillent où tu guides leurs pieds (…).
Tu veux servir leurs pieds qui passent, comme le roc sert les sabots des brebis.
Le roc, le pavement d’un temps gigantesque.
La croix – le pâturage. »
(Bienheureux Jean-Paul II)


Il s'est allongé à même le sol, devant l’autel. Il repose face contre terre, les mains jointes sous son front. Son souffle est paisible, son esprit tranquille. Le temps lui semble comme suspendu, alors que les noms des saints qui appellent à leur suite s'égrainent en une lente litanie.

Derrière lui l’assemblée, ses chers parents, sa famille, ses amis, tous à coeur ouvert, unis par un lien mystérieux. Il se souvient de son enfance heureuse, de ses courses d'adolescent, du vent dans les peupliers... Il se souvient de ses premiers pas d’hommes, de ses premiers choix aussi, des rires et de ses peines. Il revoit les visages de ceux qui l’ont fait grandir dans la foi, veilleuses jalonnant le chemin tracé pour lui. Ce chemin offert à ses pas, qu’il a librement emprunté, poussé par un appel impérieux.

Heureux est-il, « serviteur inutile » dont la posture dit son abandon total à l’œuvre de Dieu. Voici qu’en ce jour, il sera fait prêtre de l’Eglise catholique. Il n’a peut-être jamais été aussi près du ciel, lui qui est, à cette heure, si près de la terre.

lundi 11 juin 2012

Peer Gynt chemine au Grand Palais


C’est l’histoire d’une vie d’homme, dans ses petites lâchetés et ses grandes folies. C’est le récit des soifs d’aventure, une quête de liberté et de sens : celle de Peer Gynt, héros du conte philosophique imaginé par le norvégien Henrik Ibsen. Une histoire « qui n’est ni exemplaire ni édifiante, qui n’est universelle que par son caractère humble et complexe », commente Eric Ruf, metteur en scène de cette pièce qui s'est joué ce printemps à Paris. 

Un départ 
Peer Gynt a 20 ans, rêve de gloire et s’ennuie dans son village du fond de la campagne norvégienne. Fantasque, mythomane, querelleur et vantard, il s’attire les foudres de sa mère et les moqueries des villageois. Ayant séduit, puis déshonoré une future mariée le jour de ses noces, il se voit obligé de quitter le pays. Il le fera avec le sourire, direction les montagnes, puis les continents lointains. Solveig, jeune femme pure et timide, qu’il aime et qui l’aime en retour, le laisse partir. Son Peer Gynt à besoin de cheminer. Elle l’attendra, le temps qu’il faudra.

jeudi 31 mai 2012

« Un Dieu donc pas de maître », ou le retour des anarchistes chrétiens


Dans « L’Anarchisme chrétien », publié aux éditions de L’œuvre, Jacques de Guillebon et Falk van Gaver nous emmènent aux sources d’un courant de pensée méconnu, qui pose le Christianisme comme seule réponse possible aux désirs de justice et de vérité des anarchistes. Analyse.

jeudi 24 mai 2012

Amédée veut mourir

Il y a, sur un lit d’hôpital, une carcasse immobile qui enferme Amédée. Amédée à vingt ans. Il est prisonnier d’une pièce carrée et d’un corps qui ne lui répond plus. Quand Amédée hurle, on ne voit que ses yeux qui s’agitent. Quand Amédée bondit, on ne sent que ses doigts se crisper. De tout son être, Amédée hurle et bondit. Ses yeux s’agitent et ses doigts se crispent. Rien de plus.

vendredi 13 avril 2012

Le jour où Philippe Poutou est devenu Président


Nous sommes le mercredi 16 mai 2012. L’été est arrivé tôt cette année. Le soleil brille sur la capitale alors qu’un petit homme discret aux cheveux gris en bataille, fraîchement rasé, en chemise col mao et les manches du pull-over remontées, descend timidement la rue du Faubourg Saint-Honoré. Derrière lui, ses copains de l’usine Ford de Blanquefort l’accompagnent, riant fort et parlant haut. Le petit groupe évite machinalement le trottoir longeant le palais de l’Elysée, gardé par des hommes en uniforme. Arrivés à hauteur de la grande grille marquant l’entrée de la résidence des chefs d’Etat français, ils traversent la rue. Et au gendarme venu au devant de cet étrange cortège, le meneur répond, en s’excusant presque : « ben, euh… C’est que c’est chez moi maintenant ! » Le gradé de l’ère sarkozienne devra s’y faire, Philippe Poutou est le nouveau Président de la République. Sous le képi et malgré l’impartialité que lui impose sa fonction, le gendarme se demande encore comment son pays en est arrivé là…

lundi 2 janvier 2012

Ce qu'il faut de lointain





"Et mon Dieu tant mieux si la route est longue, 
tu a mis devant moi ce qu'il faut de lointain".

(Jacques Dary, Compostelle, Carnet d'un pèlerin)


dimanche 1 janvier 2012

ET BONNE ANNÉE !


« Est-il rien de plus agréable en ce bas monde que de s’asseoir, avec trois ou quatre vieux camarades, devant une table bien servie, dans l’antique salle à manger de ses pères ; et là, de s’attacher gravement la serviette au menton, de plonger la cuiller dans une bonne soupe aux queues d’écrevisses qui embaume, et de passer les assiettes en disant : « Goûtez-moi cela mes amis, vous m’en donnerez des nouvelles ». (…) Et quand, à la cinquième ou sixième bouteille, les figures s’animent, quand les uns éprouvent tout à coup le besoin de louer le Seigneur (…) quand d’autres parlent de chasse, d’autres de musique, tous ensemble en s’arrêtant de temps en temps pour éclater de rire : c’est alors que la chose devient tout à fait réjouissante, et que le paradis, le vrai paradis, est sur la terre. »

(Erckmann-Chatrian, l’Ami Fritz)