lundi 2 juillet 2012

Sous les pas des hommes

  

« Pierre, tu veux être le pavement et qu’ils te piétinent, (…)
tu veux qu’ils aillent où tu guides leurs pieds (…).
Tu veux servir leurs pieds qui passent, comme le roc sert les sabots des brebis.
Le roc, le pavement d’un temps gigantesque.
La croix – le pâturage. »
(Bienheureux Jean-Paul II)


Il s'est allongé à même le sol, devant l’autel. Il repose face contre terre, les mains jointes sous son front. Son souffle est paisible, son esprit tranquille. Le temps lui semble comme suspendu, alors que les noms des saints qui appellent à leur suite s'égrainent en une lente litanie.

Derrière lui l’assemblée, ses chers parents, sa famille, ses amis, tous à coeur ouvert, unis par un lien mystérieux. Il se souvient de son enfance heureuse, de ses courses d'adolescent, du vent dans les peupliers... Il se souvient de ses premiers pas d’hommes, de ses premiers choix aussi, des rires et de ses peines. Il revoit les visages de ceux qui l’ont fait grandir dans la foi, veilleuses jalonnant le chemin tracé pour lui. Ce chemin offert à ses pas, qu’il a librement emprunté, poussé par un appel impérieux.

Heureux est-il, « serviteur inutile » dont la posture dit son abandon total à l’œuvre de Dieu. Voici qu’en ce jour, il sera fait prêtre de l’Eglise catholique. Il n’a peut-être jamais été aussi près du ciel, lui qui est, à cette heure, si près de la terre.

Lui reviennent en mémoire les mots du bienheureux Jean-Paul II : « rester étendu à terre, le corps en forme de croix, avant l’Ordination, accepter comme Pierre, la croix du Christ dans sa propre vie et se faire avec l’Apôtre « pavement » sous les pas de ses frères, cela fait apparaître le sens le plus profond de toute spiritualité sacerdotale » (1).

Prêtre et pavement, pour porter la marche des Hommes. Dallage de nef pour l’Eglise universelle. Serviteur des serviteurs et signe de la Présence. Il est pierre à la suite de Pierre et devient le maillon d’une chaine qui s’étire depuis l'ordre du Christ à l’apôtre : « suis mois ! »

Lui aussi va offrir son oui, à Dieu et à l'humanité. Avant de se relever, il écoute la Litanie des Saints se conclure doucement :

« ...Pour qu’il te plaise de bénir ceux que tu as appelés, de grâce, écoute-nous. Pour qu’il te plaise de les bénir et de les sanctifier, de grâce, écoute-nous. Pour qu’il te plaise de les bénir, de les sanctifier et de les consacrer, de grâce, écoute-nous. »

Dans quelques instants, l’évêque imposera les mains sur sa tête, en silence, puis la foule des prêtres venus l’accompagner. Il revêtira l’étole et la chasuble, ses paumes seront marquées du saint-chrême. Et Dieu lui-même achèvera en lui ce qu’il a commencé.


(1) Jean-Paul II, Ma vocation - Don et Mystère, 1996

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