L'éditorial

Dieu, mais que Marianne était jolie !




Qu’on se le dise : Marianne en « Liberté guidant le peuple » supporte mieux le topless que les Femen. Et les justes combats s’accommodent mal de haine ou d’idéologie…

Reconnaissons la chance que nous avons de vivre dans un pays où il nous est encore possible de descendre dans la rue sans risquer nos vies, de défendre nos idées ou de confesser notre foi sans courir au peloton. Reconnaissons aussi que cette liberté est fragile et que, ces derniers mois, elle a sournoisement été mise à mal. Mépris et moqueries sont les nouvelles armes des censeurs. Si elles font couler moins de sang, elles peuvent tuer les "révoltes" aussi sûrement.

On a ainsi voulu faire passer l’opposition au mariage gay et aux conséquences qui en découlent, pour un épiphénomène, le sursaut glavioteux de quelques vieux réacs essoufflés, fondamentalistes et homophobes. Mépris et moqueries ! Ignorance et mauvaise foi.

Une fois, puis deux, des hommes et des femmes sont descendus par centaines de milliers dans la rue pour crier à la nation qu’il n’en était rien ; que le respect de la dignité humaine et des droits de l’enfant – puisque c’est bien de cela qu’il s’agit – sont des principes universels !

Je veux témoigner ici de la joie qu’il y a à découvrir que l'on n'est pas seul dans cette lutte. Cette consolation du groupe qui renforce les convictions, la force qui naît de la fraternité. Tous ceux qui ont des yeux ont vu combien la détermination, mais aussi la joie étaient présentes lors des manifestations du 13 janvier et du 21 mars. Hétéroclite, ô combien, la foule ! Des gamins, des grands-pères, des jupes plissées et des sweets à capuches, des bérets, des « bons gars » un verre de rouge à la main, des cathos le rameau en boutonnière, des musulmans, des juifs… Un trotskiste ! Et Dieu, que les Marianne étaient jolies sur le podium de la Grande armée ! Codes civils en mains et bonnets phrygiens enfoncés sur la tête, comme pour rappeler à nos très républicains élus que si « ce n'est pas la rue qui gouverne », on gouverne pour elle, assurément.

Quand un pouvoir, tout démocratique qu’il soit, part en cacahuète, il est du devoir du peuple de l’interpeller. Il est, en tout état de cause, de son devoir de rester éveillé pour rappeler que le suffrage universel et direct impose à celui qui en bénéficie un devoir sacré de servir et protéger les plus faibles. Le vieux, le malade… L’enfant.

Voici ce que nous dit le pape François : « nous sommes poussés par l'appétit insatiable de pouvoir, le consumérisme et la fausse éternelle jeunesse qui rejettent les plus faibles comme une matière méprisable d'une société devenue hypocrite, occupée à assouvir son désir de “vivre comme il nous plaît” (comme si c'était possible) et guidée uniquement par la satisfaction de caprices adolescents. Le bien public et commun nous semble de peu d'importance, pourvu que notre “ego” soit satisfait. Nous sommes scandalisés de certaines réalités sociales exposées par les médias… Mais nous reprenons au plus vite notre carapace, et rien ne saurait nous décider à assumer la conséquence politique qui devrait être la plus haute expression de la charité. Les plus faibles sont éliminés: les enfants et les personnes âgées. Il m'arrive de penser que nous nous conduisons envers les enfants et les jeunes comme des adultes ayant renoncé. » (1)

Il y a encore bien des batailles à venir. Du mariage gay, nous passerons à la Procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de lesbiennes, puis à la Gestation pour autrui (GPA) pour ces messieurs. Bientôt, c'est la question de l’euthanasie que l'on amènera sur le tapis législatif. Les jours passent, les lois se votent (ou pas!), mais notre combat ne fléchira pas. Nous sommes prêts. Il n’est plus temps de s'asseoir, maintenant que nous sommes debout ! Tugdual Derville a raison de dire qu'un mouvement est né. Il a raison de promouvoir l'Ecologie humaine, d'en faire l’étendard des charges à mener, car il devient impératif de remettre l’Homme au centre de toutes les réflexions. Et puisque livrer ces combats avec Charité, sans haine ni idéologie, demande un minimum d’organisation, alors organisons nous !

« Je vous en conjure, qu'il n'y ait de votre part, ni dans vos paroles ni dans vos cœurs, aucune marque d'agressivité ou de violence envers aucun frère », nous dit encore François.

Contre leur politique ? Notre mystique. Et dans nos Cahiers libres, nous inscrirons à l’encre indélébile que quelque chose de grand est en train naître. Pas une association, pas un parti, non. Un élan. Une flamme qui ne doit pas s’éteindre.


(1) Jorge Mario Bergoglio, pape François. Seul l'amour nous sauvera

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